Commémoration du 8 Mai : un moment de mémoire

17 Mai

À Seillons-Source-d’Argens, la cérémonie du 8 Mai a rassemblé de nombreux habitants et les amis réunionnais présents pour l’occasion, venus honorer ensemble la mémoire des victimes de la Seconde Guerre mondiale.

Dans un silence respectueux, le maire, visiblement ému, a pris la parole pour livrer un discours personnel et engagé, mêlant hommage, lucidité historique et appel à la vigilance citoyenne. « Je ne vais pas cacher mon trouble en ce jour si particulier. Quand on se replonge dans …

… certaines images d’archives, je ressens un profond décalage avec ce que nous étions alors, avec ce pays. »

Il a évoqué la notion de « légalisme », qu’il a confrontée à ses convictions : « Tout le monde sait que je ne suis pas légaliste. Parce que la loi n’est pas toujours un refuge. Entre 1939 et 1945, la loi du régime de Vichy était tout sauf protectrice. »

Saluant le discours de Jacques Chirac de juillet 1995, qui avait reconnu la responsabilité de l’État français dans la déportation des juifs, le maire a rappelé avec gravité : « Il n’y a aucune raison d’être fier de ce qu’il s’est passé à cette époque ( période 39-45). Nous avions cessé, en tant que nation, d’être humains. »

Abordant sa propre vision de l’engagement public, il a évoqué un autre mot : « insulaire ». « La politique est noble, mais souvent dévoyée. L’insularité, pour moi, c’est cette capacité à se détacher des automatismes d’un système centralisé, administratif, parfois déshumanisé, où l’on agit sans être élu, sans rendre de comptes. » Le maire a également mis en garde contre le légalisme aveugle, ce mécanisme qui, hier comme aujourd’hui, peut amener des individus ordinaires à commettre l’irréparable : « Ce ressort psychologique n’a pas disparu. Certains en sont encore les dépositaires. »

Il a évoqué le procès de Maurice Papon, haut fonctionnaire condamné pour complicité de crimes contre l’humanité, et dont le comportement l’a marqué à jamais : « Son regard, son attitude, l’absence totale d’empathie lors de son procès… on y retrouvait l’arrogance froide des pires criminels nazis. »

Et de conclure avec fermeté : « Le plus grand danger dans une démocratie, c’est de croire que, parce que c’est la loi, il faut arrêter de réfléchir. La Résistance, c’était l’illégalité face à l’inacceptable. »

La cérémonie s’est poursuivie par une minute de silence, puis l’interprétation de La Marseillaise et du Chant des Partisans, chantés à l’unisson par les chorales seillonnaise et réunionnaise.

La matinée s’est conclue autour d’un pot de l’amitié, dans une ambiance de fraternité, fidèle à l’esprit de mémoire partagée et d’engagement pour les valeurs républicaines.

 

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